Dirty Handz 3: Edition 2010

Les lecteurs de I Love Graffiti viennent d'établir le classement des meilleures films graffiti de la décennie… ce n'est pas une surprise, Dirty Handz 3 arrive en tête ! Mais le DVD étant épuisé depuis un moment déjà, la seule alternative pour se le procurer était donc de le télécharger sur internet. Malheureusement pour les adeptes du « tout gratuit », la qualité des DivX disponibles ici et là sur la toile n'est pas au rendez-vous : qualité de compression médiocre, sous-titres manquants, pas de bonus, images saccadées lorsque des trains défilent, bref : en clair, rien ne vaut le DVD original… qui vient enfin d'être à nouveau édité.

Quoi de neuf pour cette édition 2010 ? A priori rien… si ce n'est le prix désormais très abordable, officiellement fixé à 8,90€ pour la France ! Plus aucune excuse donc pour ne pas se procurer l'original. Le film est en anglais sous-titré en français et dure 78mn + 50mn de bonus; il est d'ores et déjà en vente ici sur Allcity.fr, et disponible dans tous les bons graffiti shops.

Le « pitch » :

Après deux opus underground aujourd'hui interdits de diffusion, Dirty Handz “Search & Destroy » dévoile, pour la première fois, le mode de vie des pratiquants du graffiti sur train. Derrière son sous-titre, emprunté au vocabulaire militaire américain de la guerre du Vietnam, ce documentaire-fiction montre, sous une forme inédite, les tribulations d'un train writer parisien à travers les métropoles européennes. Londres, Copenhague, Stockholm, Hamburg, Berlin, Munich… Un long parcours, dans la fin des années 1990, qui aboutit à New York, pour une ultime confrontation sur le mythique terrain de jeu originel.

En complément, plusieurs bonus témoignent de la situation actuelle du mouvement : des archives brutes présentent la production de graffiti sur train à Rome, Varsovie, Oslo et Strasbourg; des interviews détaillent l'évolution des politiques de surveillance urbaine, notamment à Stockholm.

Ces documents exceptionnels nous entraînent dans l'univers d'une élite d'activistes organisés, se focalisant sur une cible principale : le train. Sous toutes ses déclinaisons, des rames de métro aux wagons des grandes lignes. Ces supports sont les seuls qui permettent d'exposer un pseudonyme à travers une ville, une région, un pays…

La recherche des trains, puis l'infiltration du lieu où ils sont entreposés constituent une part essentielle de la pratique du graffiti sur train. Il s'agit donc avant tout de comprendre le fonctionnement de la ville contemporaine et de ses réseaux, de découvrir l'envers du décor de la machinerie urbaine jamais questionnée.

Le recouvrement du train par l'écrit, destruction symbolique, est la trace visible de cette traque dans les entrailles de la ville. Une véritable partie de chasse urbaine avec repérages, longues planques et moments d'action picturale chronométrés !

L'adaptation du mythe du métro new-yorkais au territoire européen a, en effet, donné naissance à des pratiques de graffiti radicales, l'environnement étant marqué par un contrôle de l'espace urbain supérieur, caractéristique des villes européennes denses. Conjointement, cette évolution a entraîné l'apparition d'une véritable efficacité de l'écrit, le temps disponible pour l'exécution de « l'image du nom » étant toujours plus court, sous la pression des contraintes de surveillance toujours plus fortes.

La “pièce” sur train – un nom généralement composé de trois à huit lettres – constitue l'unité de base de cette pratique écrite illégale, le whole car (c'est-à-dire le recouvrement total de la surface d'un wagon) en étant la production ultime.

Le voyage constitue l'autre spécificité du graffiti sur la scène européenne : grâce au passe Inter Rail notamment, les échanges internationaux entre ses communautés organisées autour de la passion de l'écrit illégal sur train sont fréquents; ils permettent de profiter de la concentration et de la diversité exceptionnelles des différents réseaux de transports urbains, régionaux ou nationaux présents en Europe, avec la perspective de collections de trophées roulants. Ces voyages, physiquement intenses, sont l'expression de la vitalité et de la débrouillardise de ce milieu secret, adepte des transports publics gratuits et du vol de peinture…

Dirty Handz “Search & Destroy » rend compte de l'appropriation de la réalité effective de l'Europe par les différentes générations de train writers, et de ce moment charnière dans le développement global du graffiti devenu contre-don sauvage et salvateur face à la publicité et au marketing global. Leurs signatures artisanales attestent de l'une des dernières grandes aventures possibles de l'ère de l'urbain généralisé. Mais aussi de la véritable guerre des signes qui sévit dans l'univers typographique, lisse et homogénéisé des transports, où les “ images-signatures” sont des armes, comme l'énonce Norman Mailer dans son essai ‘The Faith of Graffiti » publié en 1974 : “Votre nom vous sert à attaquer et vous avez le sentiment qu'une part du système émet un râle d'agonie; maintenant, votre nom remplace le leur… votre présence se superpose à leur présence, votre pseudonyme est accroché au-dessus de leur spectacle”. Cette affirmation prend toute sa valeur aujourd'hui dans le contexte européen.

In English:

Following two underground releases (now banned), Dirty handz « Search & Destroy » reveals the lifestyle of « train writers » for the first time. With its subtitle borrowed from military vocabulary of the Vietnam war, this documentary shows, as never before seen, the trials and tribulations of a train writer in a journey through major european cities – London, Copenhagen, Stockholm, Hamburg, Berlin, Munich – which ends in 1990's New York for the ultimate confrontation in the mythical land of the original game.

There is additional bonus material related to the current state of the movement : raw archives of train writing in Rome, Warsaw, Oslo and Strasburg; interviews detailing the evolution of urban surveillance policy, notably in Stockholm.
These exceptional documents draw us into the world of an organized activist elite whose sole focus is the train in all its incarnations – from subway car to railway car. This material provides the only means to identify a pseudonym across a city, a region, a country….

Searching for the trains, then infiltrating the yards where they are stored are essential elements of train writing. It is therefore necessary to understand the workings of a contemporary city and its rail networks, to discover the underbelly of urban machinery, which til now has never been examined.

Covering a train with writing, a symbolic destruction, is the visible trace of this hunt in the bowels of the city. An urban hunt with reconnaissance, long periods of hiding, and lightning execution of pictorial design.

Adapting the myth of the New York subway to European territory has given birth to radical graffiti techniques due to the tighter control of urban space, typical of dense European cities. These techniques involve the development of highly efficient writing styles given that the time available to bomb is constantly diminishing under ever-heavier surveillance.

The « piece » – generally a three to eight letter name – is the basic element of this illegal writing. The « whole car » is its ultimate expression.

The other specifically European aspect of the graffiti scene is the voyage. Thanks to the InterRail pass in particular, international exchanges among the communities of passionate train writers occur frequently. This allows them to benefit from the concentration and exceptional diversity of the different urban, regional and national transportation networks, with the hope of being able to collect rolling trophies. These intensely physical trips are an expression of the vitality and resourcefulness of this secretive milieu, so adept at riding for free and stealing paint…

Dirty Handz « Search & Destroy » tells of the effective appropriation of European reality by the different generations of train writers and of this critical moment if the global development of graffiti as a wild and salvatory antidote to global advertising and marketing. Their homespun signatures are emblematic not only of one of the last great adventures possible in the area of the omnipresent urban landscape, but also of the war of signs which is being fought in the smooth, homogenious typographic world of transportation, where « tags » are weapons, as said Norman Mailer in his essay “The Faith of Graffiti”, published in 1974, about the early developments of the New York graffiti phenomenon: “You hit your name and maybe something in the whole scheme of the system gives a death rattle. For now your name, is over their name, over the subway manufacturer, the transit Authority, the city administration. Your presence is on their presence, your alias hangs over their scene”. This affirmation is still meaningful today in the European context.

2 commentaires

  1. blinky le

    wesh! Quelle est la musique d’introduction de Dirty Handz 3 ?

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>